Malheureusement, il faut aussi savoir que seules 30% des femmes victimes de violence conjugale la signalent à la police, ce qui signifie qu’un très grand nombre de femmes vivent avec la violence sans la dénoncer.
Quel type de femmes est touchée?
On estime que 80 à 85 % des victimes de violence conjugale sont des femmes. Mais quel type de femme est touché par la violence conjugale? En réalité, il n’y a pas de profil-type; on remarque plutôt des réactions qui varient selon la durée du cycle de violence. Plus la violence est présente depuis longtemps, plus la femme victime a perdu sa liberté d’agir et de penser.
La violence s’installe souvent de façon progressive et insidieuse
On retrouve donc des victimes apeurées, moins affirmées et plus conciliantes au sein des relations dans lesquelles la violence a perduré plus longtemps, alors que les victimes qui subissent de la violence depuis peu sont souvent plus affirmées et plus outragées par leur situation. Il faut toutefois noter que la violence n’apparaît pas subitement dans un couple, elle s’installe de façon progressive et insidieuse.
Comment peut se sentir la femme victime de violence?
Dans la plupart des cas, la femme victime est confrontée à de la honte et de la peur et ne se sent pas libre de dire ce qu’elle pense par crainte de la réaction de son conjoint. Elle est souvent assaillie par des sentiments d’incompétence et d’impuissance et peut perdre son estime d’elle-même. La victime de violence hésite souvent à dénoncer sa situation, car elle a peur d’être jugée, d’être blâmée ou de ne pas être crue. Elle peut aussi craindre les représailles de son conjoint violent. De plus, des déformations cognitives peuvent survenir avec le temps, ce qui peut amener la victime à changer sa perception de la réalité et déformer sa vision de la situation qu’elle vit.
Les réactions à la violence répétée peuvent être diverses : la victime peut être ambivalente, confuse, elle peut vouloir acheter la paix. La femme victime de violence conjugale en vient souvent à développer des stratégies pour se protéger, comme un repli sur soi, de l’intériorisation de ce qu’elle vit, de l’évitement, de la passivité, de la résignation face à sa situation, de l’autodénigrement, de la dépendance envers son conjoint, etc.
Pour les femmes victimes de violence conjugale qui désirent mettre un terme à leur relation, est-il recommandé d’avoir recours à la médiation familiale ?
Bien que la médiation familiale comporte son lot d’avantages dans la mesure où elle permet d’éviter la lourdeur, les coûts et les délais qui accompagnent les batailles judiciaires devant les tribunaux. Toutefois, pour être efficace, la médiation doit s’exercer dans un climat de coopération et de respect, qui exclut tout déséquilibre de forces entre les deux parties, comme c’est le cas dans une situation de violence conjugale.
Dans une situation de violences conjugales, il existe de forts risques qu’une femme accepte la médiation pour de « mauvaises raisons » : l’espoir que la médiation mette un terme à la violence ou incompréhension de son droit à la refuser [en raison de sa peur permanente], craintes des conséquences néfastes de son refus sur la procédure.
La médiation n’ayant pas les moyens de renverser ce rapport de force dans les cas de violence, elle doit être refusée « car elle prendrait le risque d’entériner des rapports de force ou des fonctionnements pervers » La médiation ne doit pas contribuer à privatiser et/ou à minimiser la nature criminelle de la violence domestique. La médiation ne doit pas non plus devenir pour les conjoints violents un outil pour avoir accès à leur conjointe et/ou pour les contrôler.
Ainsi, les victimes de violence conjugale sont exemptées de l’obligation d’aller à la séance sur la parentalité après la rupture pour s’informer sur la médiation familiale. Pour se prévaloir de cette dispense, la personne peut se présenter dans un centre d’aide aux victimes reconnus, tels que le CLSC, la CAVAC ou une maison d’hébergement.