Le mariage forcé n’est pas en soi synonyme d’horreur et de violence conjugale. Comme tous les mariages, il peut ou ne pas y avoir de la violence conjugale au sein du couple. La violence conjugale est un phénomène distinct du mariage forcé, du mariage tout court!
La violence conjugale s’exerce au sein d’une relation de couple, le plus souvent en quatre temps. D’abord la tension s’installe entre les deux conjoints, généralement des regards menaçants au conjoint vulnérable qui commence à ressentir des inquiétudes et à analyser ses propres gestes. Ensuite vient la « crise », où la violence s’exerce. Après la crise, le conjoint violent rationalise, se convainc qu’il n’est pas en faute et tente d’expliquer à la victime les raisons qui l’ont poussé à agir de la sorte allant parfois jusqu'à la convaincre qu’elle est responsable des gestes qu’elle a subis. Après c’est « la lune de miel ». Le conjoint agresseur supplie la victime de le pardonner, lui promet de changer. Il peut même invoquer le suicide pour remédier à la situation, amplifiant ainsi le sentiment de culpabilité chez la victime et la dissuadant d’aller chercher de l’aide de peur que la situation ne dégénère.
Quant à la relation entre deux époux mariés de force, elle n’est pas basée sur un lien affectif, par conséquent le cycle de la violence conjugale n’a pas lieu. La victime ne vit que la « crise », la violence sans répit, de la part de l’époux d’abord et de la part de sa belle-famille, de sa famille voire de sa communauté ensuite.
En effet la victime a à faire face à une multitude d’oppresseurs. Nouvellement mariée, elle peut être appelée à aller vivre chez la famille de son époux où elle devra vivre sous leur autorité. La belle-mère et la belle-sœur vont souvent user de violence physique et psychologique pour rabaisser la nouvelle épouse et lui montrer qu’elles sont en charge de la maison. Elles vont souvent lui attribuer les tâches les plus ingrates et peuvent lui infliger des blessures si elle refuse d’obtempérer ou si elles jugent qu’elles ne sont pas accomplies comme il se doit.
La situation est souvent aggravée par le fait que la famille de la victime ne lui fournit aucun support. Lorsqu’une nouvelle mariée se plaint à sa famille des actes de son mari ou de son nouvel entourage, cette dernière aura tendance à voir dans son appel à l’aide une forme d’ingratitude ou une façon de continuer à manifester son désaccord au mariage. La famille va réprimander le comportement de leur fille en lui expliquant que son comportement ne peut que les déshonorer.
Chronique rédigée par Christine Makar, stagiaire en droit 2015-2016
Mise à jour : Mars 2016
Sources :
- Un mariage comme une prison, La Gazette de Femmes, Marie-Hélène Verville
- monmariagemappartient.be
- Rapport sur la pratique des mariages forcés au Canada : entrevues avec des intervenant(e)s de première ligne.
- violenceconjugale.gouv.qc.ca
- amnistie.ca
- www.larusse.fr
- www.justice.gc.ca
Note
L’information contenue dans le présent article est d’ordre général. Elle ne prétend pas répondre à tous les cas de figure. Pour de plus amples renseignements concernant le droit familial, téléphonez à la ligne d’information juridique d’Inform’elle 450 443-8221 ou au 1 877 443-8221 (sans frais) ou consultez une personne exerçant la profession d’avocat ou de notaire.
Sous-menu
> Retour à la page Immigration et droit international privé
> Accéder aux différents sujets dans la section Information juridique en ligne
> Consulter la liste de toutes les chroniques juridiques et de tous les dossiers